Charlotte, promo 2015, co-fondatrice de la start-up Omni

Charlotte Alaux, co-fondatrice de la start-up Omni, est issue de la promotion 2015 de l’EMLV. Omni est séléctionnée par Challenges parmi les « 100 start-up où investir en 2020. Témoignage.

C’est la démarche inclusive de la solution motorisée proposée par Omni qui a convaincu Charlotte de s’impliquer dans ce projet. La pluridisciplinarité des apprentissages à l’EMLV et la découverte de la spécialisation « Digital RH » lui ont donné les clés en tant qu’entrepreneuse.

L’EMLV, le pari de la pluridisciplinarité

Avant d’intégrer l’EMLV j’ai fait un bac scientifique, j’ai démarré une première année de médecine mais je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas du tout ce que je voulais faire et je n’aimais pas l’esprit concours/chacun pour soi de cette première année. J’ai donc profité du reste de l’année pour passer mon permis et j’ai pris le temps de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire.

J’ai choisi l’EMLV car le cursus proposé permettait de nous immerger rapidement en entreprise, que ce soit à travers les nombreux projets de groupes sur des cas concrets, le partage d’expériences extrêmement formateur de nos intervenants, et les nombreuses expériences professionnelles que l’on a pu développer pendant ces 5 années.

Cela me plaisait d’avoir 3 années de tronc commun avant de choisir notre spécialisation, de suivre à la fois des cours en marketing, éco, droit, finance, RH et bien d’autres.

C’est cette formation initiale pluridisciplinaire qui m’a permis de me préparer et de me donner toutes les clés nécessaires pour la suite.

A mon époque il n’y avait pas encore de programme transverse avec les autres écoles du Pôle mais cela m’aurait vraiment plu ! Je garde un très bon souvenir de la vie étudiante que l’on avait sur le campus où on se mélangeait avec les 3 écoles.

Je me suis spécialisée en Management des Ressources Humaines. Je ne connaissais pas ce domaine, j’ai fait mon stage de première année pour le découvrir. Cela m’a beaucoup plu, les cours et mes deux expériences d’entreprise en 2^e et 3^e années m’ont convaincue pour faire mon choix !

Une trotinette nommée « Désir »

Après l’EMLV j’ai été chargée de projets formation pendant 4 ans au sein du service L&D de la DRH de MBDA France, une filiale d’Airbus.

J’ai rencontré les « garçons » Noé Vinot-Kahn, Sulivan Richard, Robin Lhommeau et Mathieu Izaute lorsqu’ils suivaient un programme d’un an en innovation centrée utilisateurs à la d.school Paris.

L’objectif de la formation était de trouver une solution pour améliorer la mobilité des utilisateurs de fauteuil roulant manuel. Ils ont passé plusieurs jours en fauteuil, rencontré une vingtaine d’experts médicaux et une cinquantaine d’utilisateurs. C’est comme ça que nous nous sommes rencontrés, pour pouvoir leur partager mon expérience de plus de 20 ans en fauteuil.

J’étais impressionnée par leur investissement et leur compréhension de la vie en fauteuil. Convaincue par leur volonté de développer une solution vraiment utile j’ai voulu les aider. On a testé de nombreuses solutions qu’ils avaient prototypées, un jour ils m’ont fait essayer une trottinette électrique et ça a été le déclic !

Ça répondait à deux gros enjeux que l’on partage tous quand on est en fauteuil : la possibilité de se déplacer facilement en autonomie et de changer le regard sur le handicap en utilisant la même solution que tout le monde, d’être comme tout le monde.

On l’a fait tester à d’autres personnes qui ont eu les mêmes réactions que moi et on s’est dit qu’il fallait que le projet continue pour qu’un maximum de personnes puissent en bénéficier.

Je ne pensais pas me lancer un jour dans l’entreprenariat mais j’ai été convaincue par le produit et l’équipe, je voulais prendre part à l’aventure et on a donc créé Omni tous les cinq ! Je me suis mise à temps partiel chez MBDA pendant 1 an pour création d’entreprise afin de développer Omni en parallèle de mon activité là-bas, puis j’ai décidé de m’y consacrer à plein temps depuis janvier.

Omni, la mobilité inclusive

Omni ça vient du latin avec l’idée de « Tout pour tout le monde », une démarche d’inclusion, de rendre accessible tous les produits grand public.

Notre premier produit étant une fixation universelle qui permet d’attacher n’importe quel fauteuil roulant manuel sur une trottinette électrique pour se motoriser en utilisant la même solution que tout le monde.

Cela permet ainsi de se déplacer en autonomie et passer tous les petits obstacles du quotidien (pavés, pentes, trottoirs..), une solution beaucoup plus abordable que toutes les motorisations spécifiques au handicap qui existent et partageable avec tout le monde.

C’est vraiment très drôle de circuler sur les pistes cyclables et de voir la réaction des autres usagers positivement intrigués à qui cela donne envie d’essayer mon fauteuil.

Et OMNI ça veut aussi dire Objet Motorisé Non Identifié 😉

Ce qui me motive le plus, c’est quand je vois la réaction des personnes qui testent notre solution et qui nous disent que ça leur change la vie.

L’un des utilisateurs ne sortait qu’une à deux fois par semaine de chez lui, avec la trottinette il s’est mis à sortir tous les jours, à recréer du lien social. Notre solution n’est pas juste un produit ludique, elle permet d’être plus autonome en se déplaçant où l’on veut, quand on veut, de réduire les troubles musculosquelettiques présents chez 60% des utilisateurs de fauteuil et de créer de nombreuses interactions sociales.

Ma motivation c’est qu’un maximum de personnes puissent en bénéficier et de développer une entreprise pérenne avec de vrais impacts sociaux.

Une start-up sélectionnée par Challenges parmi les « 100 start-up où investir en 2020”

Omni répond à des enjeux sociétaux actuels importants : la mobilité, le handicap, l’inclusion.

Notre projet plaît car il a une histoire derrière, on a créé Omni parce que l’on avait une solution qui répondait à un vrai besoin, il a été co-développé avec de nombreux utilisateurs, il y a une forte attente.

La solution paraît simple et évidente mais c’est 2 ans de recherche et développement que l’on a passé pour la développer.

On se distingue aussi des autres tendances du moment en proposant un objet hardware et non une solution digitale, avec un produit qui a fait ses preuves, qui fonctionne.

Analyser, comprendre, proposer. Test & Learn

Mon conseil principal peut paraître assez évident mais c’est de bien identifier le besoin avant de proposer une solution, de passer vraiment beaucoup de temps à analyser et approfondir les attentes. Il faut se mettre dans la peau de l’utilisateur final, comprendre ses attentes à travers des immersions, des observations, des interviews. Analyser et comprendre aussi tous les acteurs qu’il y a autour et cerner les avantages et les inconvénients des solutions existantes. Développer des rapides solutions bricolées, les tester, prendre note des retours, les intégrer et recommencer. D’être tout le temps dans cette démarche de test & learn.