Plus qu’un enjeu technologique, la transformation digitale d’une entreprise repose d’abord sur des compétences humaines. L’organisation et la culture d’entreprise jouent un rôle essentiel dans le déploiement de l’innovation.
Et, pour preuve, le baromètre de KPMG, qui dresse un panorama de la transformation industrielle en 2021, démontre bien que 46% des dirigeants interrogés ont du mal à déployer les nouvelles technologies en entreprise à cause de l’absence de compétences en interne. Certes, les compétences techniques sont devenues indispensables pour rendre l’entreprise prête pour l’innovation et le numérique, notamment sur des sujets comme le big data ou l’intelligence artificielle. Mais cela suffit-il pour faire avancer les projets de transformation digitale ?
Invité sur Xerfi Canal, Peter Saba, responsable du Master Management des Systèmes d’Information et des Data de l’EMLV a expliqué le concept de légitimité dans le management d’une entreprise tournée vers la transformation digitale.
Être légitime pour diriger des services informatiques
» Si l’on décide de prendre un ingénieur à la tête d’une équipe de transformation digitale, il y a deux risques : premièrement, le risque de perdre l’ingénieur avec toutes ses compétences techniques, qui sera amené à manager des équipes, plutôt qu’à exécuter des tâches. Le deuxième risque, c’est que cette personne manque d’une vision globale sur les processus de l’entreprise, ce qui peut jouer en sa défaveur.
L’autre partie, serait d’essayer de promouvoir un gestionnaire à la tête d’une équipe d’ingénieurs. Là aussi, il y a des risques liés au manque de compétences techniques de ces gestionnaires. Le fait de recruter des techniciens qui savent faire ne saurait pas rassurer les entreprises en quête de spécialistes de la transformation digitale.
Comment savoir prendre des décisions ou recruter des techniciens si l’on ne comprend pas grande chose à la technique ? »
Pour Peter Saba, la légitimité d’une bon manager des services informatiques consiste à un mélange de compétences acquises par la pratique et capacités à aller chercher les bonnes pratiques qui sauront instaurer un cadre théorique sur lequel appuyer leur management.
« Le management des systèmes d’information repose sur un volet comportemental (systèmes sociaux-techniques) et un volet technique/technologique. La légitimité des managers des DSI consiste à pouvoir allier ces deux aspects.
Ces managers doivent pouvoir se servir des outils et des technologies nécessaires pour manager le volet comportemental, humain : il s’agit ici de s’inspirer des pratiques du top management qui saura nous donner confiance pour manager des équipes. L’autre volet suppose d’acquérir une culture digitale, un langage commun pour savoir communiquer avec les équipes de techniciens et d’ingénieurs et répondre à leurs questions.
La conclusion ? Il faut chercher la légitimité qui plaira aux équipes techniques mais aussi au management de l’entreprise. »