Dans cette tribune, Sébastien Tran directeur général du pôle Léonard-de-Vinci, explore comment l’enseignement supérieur propose un choix de plus en plus grand de disciplines liées à la transition écologique. Pour autant, de nombreux progrès sont à faire pour que l’apprentissage réponde à l’urgence climatique.
Les enjeux liés à la transition écologique occupent une place importante dans les médias. En France, les travaux du Shift Project font référence et montrent l’urgence de transformer nos modes de production et de consommation.
Le gouvernement français s’est également doté d’un secrétariat général à la Planification écologique avec des objectifs ambitieux : réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. La réduction de l’empreinte écologique doit devenir une réalité à tous les niveaux de la société.
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Le DD et la RSE au cœur de l’enseignement supérieure ?
Les établissements du supérieur ont déjà commencé à intégrer les dimensions de développement durable (DD) et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
Certaines écoles en ont même fait une composante stratégique (Audencia avec son école Gaïa, Excelia avec la Blue Education Experience, le pôle Léonard-de-Vinci avec son Institute for Future Technologies, etc.).
Développement durable et RSE
Pour autant, un rapport paru en août 2023 du « Times Higher Education » conclut que « les gouvernements du G20 sous-utilisent les établissements d’enseignement supérieur, qui sont dans une position unique pour contribuer à catalyser les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies ».
En France, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (MESR) a adopté une politique très volontariste : création de référentiels, prise en compte des aspects DD & RSE dans les accréditations délivrées par la commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CDEFM) ou la commission des titres d’ingénier par exemple, soutien au label DD & RS.
Mais il reste de nombreux paradoxes pour l’enseignement supérieur. D’abord, il est nécessaire de revoir le contenu des enseignements et l’acquisition des compétences dans de nombreuses disciplines.
Les enseignants et enseignants-chercheurs jouent un rôle clé, mais, pour l’instant, on reste sur des référentiels comme celui de la CDEFM et la mise à disposition de quelques ressources numériques.
Le problème se situe au niveau des dispositifs d’incitation, de formation, de contrôle et le coût que cela représente pour les établissements. A titre d’exemple, le MESR souhaite qu’une formation certifiante soit proposée, mais uniquement à tous nouveaux enseignants à partir de 2025.
Logique d’économie circulaire
Un changement de modèle économique et sociétal passe par la résolution de problèmes complexes et le croisement d’expertises de différentes disciplines.
Le MESR souhaite également que, au plus tard en 2025, tous les étudiants disposent d’un socle de connaissances et compétences transversales et pluridisciplinaires à l’issue du premier cycle. Cela représente souvent des difficultés aux établissements dont les critères d’évaluation sont ancrés dans un champ disciplinaire avec des maquettes pédagogiques déjà très contraintes (stage, alternance, international, projet, etc.).
Par ailleurs, les établissements ne disposent pas forcément des expertises ou des ressources en interne, ou peuvent avoir des difficultés à identifier où aller les chercher, car elles sont parfois éloignées de leur cœur de métier.
« Le ministère souhaite que, au plus tard en 2025, tous les étudiants disposent d’un socle de connaissances et compétences transversales et pluridisciplinaires à l’issue du premier cycle. »
Étudier dans le supérieur est de plus en plus considéré comme un investissement dont le retour est mesuré par les salaires à la sortie.
Si l’on prend la méthodologie de l’enquête du « Financial Times », le salaire occupe la place la plus importante dans les critères. Même si les diplômés changent progressivement les modèles économiques de « l’intérieur » des entreprises, cela prend du temps.
Choisir des « métiers à impact » ou des organisations dans un modèle moins « capitaliste » et plus dans des logiques d’économie circulaire peut également affecter la rémunération qui reste un critère de « performance » des formations de ressources numériques.
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