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Entrepreneuriat à la française : quels sont les freins à l’internationalisation ?

Une tribune de Fernanda Arreola, enseignante-chercheuse en entrepreneuriat et innovation à l’EMLV et responsable du Business Group au sein du De Vinci Research Center, initialement publiée dans The Conversation.

C’est le moment ! Forte disponibilité de capital-risque, accompagnement par la Banque publique d’investissement, opportunités créées par le Brexit… Les conditions sont actuellement très favorables au développement des startups françaises à l’étranger. Le ministre d’État chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, l’appelle d’ailleurs de ses vœux.

Pourtant, en tant que professeur d’entrepreneuriat, je ne rencontre que rarement des futurs startupers qui portent des projets à vocation internationale. Pourquoi ? Je vois au moins trois raisons que je vais exposer ici, en espérant que ces réflexions pousseront certains à regarder au-delà des frontières.

Le monde ne s’arrête pas de tourner au mois d’août !

Le monde ne nous comprend pas… Non, il ne comprend pas qu’en France, personne ne décroche le téléphone au mois d’août. Il comprend encore moins que les jeunes entrepreneurs activent leurs out of the office pendant plus de trois semaines en été.

Les étrangers ne savent pas qu’ici, les enfants ont deux semaines de vacances toutes les six ou sept semaines, et deux mois l’été. Ils ne savent pas non plus que tout employé bénéficie normalement d’au moins 35 jours de vacances. Une spécificité qui incite les entrepreneurs à ralentir le rythme : en effet, comment peuvent-ils travailler en l’absence des fonctionnaires, des avocats et des comptables ?

Le monde ne s’arrête pas pour autant de tourner en août. Il y a des affaires à faire pour les entrepreneurs français à cette période. Encore faut-il s’organiser pour entrer dans l’arène internationale, ce qui n’est pas forcément dans la culture entrepreneuriale française. Mais ce sont bien les entreprises qui doivent s’adapter, pas l’inverse !

Fascination pour les États-Unis

En 2018, les startups françaises constituaient encore la deuxième délégation la plus importante en nombre au CES de Las Vegas. Les États-Unis restent aussi le premier choix de destination des étudiants d’écoles de commerce françaises pour les échanges universitaires. C’est surtout le premier pays qui vient à l’esprit de tous les entrepreneurs en matière d’internationalisation…

Pourquoi les États-Unis ? « Parce que c’est grand », « attrayant », qu’il y a « beaucoup d’argent », répondent habituellement les entrepreneurs.

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Mais qu’en est-il des difficultés de se développer outre-Atlantique ? N’est-ce pas plus facile de viser les pays francophones, qui sont pourtant nombreux en Europe et dans le monde ? Prenons l’exemple d’une application, d’une plate-forme ou d’un e-store. Celui qui voudra se lancer aux États-Unis va devoir investir dans un service de traduction et dans l’embauche d’employés sur place pour le service client, assurer la gestion d’une communauté dispersée et s’adapter à différents fuseaux horaires… Autant de problématiques que ne rencontrera pas un entrepreneur français en Belgique ou en Suisse francophone.

Beaucoup de startuppers semblent oublier ce qu’ils ont probablement appris à l’école : premièrement, l’internationalisation peut se faire par étapes, et, deuxièmement, il est préférable de commencer par le plus simple.

Nous encourageons l’internationalisation, mais nous n’y préparons pas !

J’ai regardé en détail le contenu des programmes des écoles de commerce françaises. La majorité d’entre elles n’incluent pas de modules liant internationalisation et entrepreneuriat (merci de me corriger dans les commentaires ci-dessous si je me trompe).

Mea culpa : nous n’encourageons pas assez les futurs startuppers à anticiper l’internationalisation.

Dans les programmes d’accélération, les pépinières, l’éducation académique et universitaire ou encore les programmes publics, nous devons mieux transmettre ce message : l’internationalisation doit être prise en compte, planifiée et mise en œuvre. Autrement, elle sera plus difficile, risquée, et coûteuse.

Nous devons donc être davantage conscients des obstacles que je viens de décrire pour mieux les surmonter. Tant que ce ne sera pas fait, les entrepreneurs français, hélas, continueront à laisser filer de belles opportunités d’affaires…

Retrouvez les coordonnées de Fernanda Arreola et l’actualité du Business Group du De Vinci Research Center.

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