Samedi 10 janvier, RFI recevait Bastien Nivet, enseignant-chercheur à l’EMLV et coordinateur de la recherche au sein du De Vinci Business Lab, pour son émission Géopolitique, le débat, dont le programme a été bouleversé par les attentats terroristes qui ont touché la France les 7 et 8 janvier 2015.
Géopolitique parcourt les grandes régions du monde auxquelles sont associés des enjeux majeurs. Marie-France Chatin invite au débat chercheurs et experts, afin que soient expliqués et mis en lumière les différents mécanismes qui régissent les rapports entre les sociétés et leur environnement.
L’attentat de Charlie Hebdo : un acte de guerre ?
Regard sur les questions soulevées, la montée de la menace terroriste. A-t-on changé de registre quant à la guerre aujourd’hui ? Des voix s’élèvent en France pour réclamer une hausse des budgets militaires. L’outil militaire est-il le plus pertinent pour faire face aux défis sécuritaires contemporains ?
Invités :
- Jean-Pierre Maulny, Directeur adjoint de l’IRIS. Directeur de « Un monde surarmé ou désarmé ? » La Revue Internationale et Stratégique n°96, éd Iris/Armand Colin.
- Bastien Nivet, chercheur associé à l’IRIS. Professeur associé à l’Ecole de Management Léonard de Vinci.
- Patrice Bouveret, co-fondateur et directeur de l’Observatoire des armements.
Le podcast de l’émission du 10 janvier 2015
Bastien Nivet a récemment publié l’article « L’UNION EUROPÉENNE ET SES DÉPENSES MILITAIRES : MISE EN DANGER OU HYPER SOFT POWER ? », dans la Revue Internationale et Stratégique n96 : « UN MONDE SURARMÉ OU DÉSARMÉ ».
L’UNION EUROPÉENNE ET SES DÉPENSES MILITAIRES : MISE EN DANGER OU HYPER SOFT POWER ?
Delphine Deschaux-Dutard
Docteur en science politique, maître de conférences à l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble, chercheur au Centre d’études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes (CESICE).
Bastien Nivet
Docteur en science politique, professeur associé et coordinateur de la recherche à l’École de Management Léonard de Vinci (EMLV, Paris-La Défense, laboratoire De Vinci Business Lab), chercheur associé à l’IRIS.
La crise et ses contraintes budgétaires n’ont fait qu’amplifier le désar-mement de l’Europe. Tous ensemble, les Européens ne dépensent plus que 18 % des crédits militaires mondiaux, contre 30 % il y a dix ans. Le monde, dans le même temps, a accru ses efforts de 65 % jusqu’à 1 750 milliards de dollars. L’Europe ne dépense qu’un tiers de ce que l’Amérique consacre à sa défense ; les pays émergents ont relancé une course à l’armement. L’abandon européen a certainement contribué à rendre le monde moins sûr […]. Les menaces sont là, nombreuses et bien sous-estimées. »
Ces propos récents de Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, reflètent un discours aujourd’hui dominant, considérant l’évo-lution des dépenses militaires européennes comme un signal parmi d’autres d’un déclassement stratégique et d’une mise en danger des Européens sur la scène mondiale. Dans un contexte de contraintes budgétaires aiguës et de priorité politique accordée aux enjeux internes, les dépenses militaires ont certes servi de variable d’ajustement en Europe, alors que d’autres acteurs internationaux s’arment, et que les risques et menaces n’ont pas disparu dans l’environnement international. Par-delà les interrogations légitimes sur l’obsolescence possible des armées européennes faute de capacités suffisantes, le discours alarmiste sur les conséquences de l’évolution des dépenses de défense omet les questions de la pertinence de l’outil militaire pour faire face aux défis sécuritaires contempo-rains, et de la finalité des dépenses militaires dans le cas d’une UE non unifiée militairement et rétive aux aventures militaires. Les Européens se mettent-ils réellement en danger ou ont-ils fait le choix de se tourner vers une forme d’ hyper soft power dont l’outil militaire n’est pas le critère central ?
RIS N°96 – Hiver 2014-15
Même si le but affiché d’assurer la sécurité internationale est le même, armement et désarmement incarnent des stratégies et des choix politiques antinomiques. Dès lors, doit-on considérer la période actuelle comme une phase de désarmement ou, au contraire, d’une nouvelle course aux armements des États ? Les dynamiques ne sont pas évidentes à saisir, tant les indices sont contradictoires et les méthodes d’évaluation approximatives. La réponse est éminemment complexe, et les problématiques d’armement et de désarmement nécessitent d’être repensés. Quelles sont les dimensions politiques, économiques, technologiques et autres évolutions relatives à ces notions ? Qui en sont les acteurs ? Objet d’étude stratégique s’il en est, la montée en puissance des sociétés civiles dans les débats en a modifié partiellement les paramètres.
Autre regard
« L’utilité de l’inutile » / Entretien avec Lionel Daudet
Éclairages
Ebola et la faillite de la santé publique en Afrique / Fanny Chabrol
L’État islamique : anatomie d’une machine infernale / Myriam Benraad
Les enjeux de la crise ukrainienne en mer Noire / Igor Delanoë
Dossier : UN MONDE SURARMÉ OU DÉSARMÉ
- Introduction. Armement et désarmement : commençons par régler la boussole / Jean-Pierre Maulny
- Science exacte ou idéologie ? De l’usage rhétorique des statistiques de défense / Olivier de France
- L’Union européenne et ses dépenses militaires : mise en danger ou hyper soft power ? / Delphine Deschaux-Dutard et Bastien Nivet
- Ten years of U.S. defense spending increases: what lessons for the road ahead? / Laurie Dundon
- Pourquoi doit-on interdire les « robots tueurs » / Mary Wareham
- Cyberarmements : les nouvelles logiques / François-Bernard Huyghe
- État des lieux du désarmement nucléaire / Oliver Meier
- Les ONG, moteur du désarmement / Patrice Bouveret, avec Sylvie Brigot-Vilain et Baptiste Richardier
- La convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel : traité exemplaire ou cas d’espèce ? / Philippe Delacroix
- Traité sur le commerce des armes : entrée en vigueur, perspective et défis / Brian Wood
http://www.iris-france.org/publications/la-revue-internationale-et-strategique-n96-hiver-2014-15/
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