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Doit-on être heureux au travail pour être efficace ?

Depuis plusieurs années, une vague de joie et de bonheur déferle sur les entreprises. Au sommet de celle-ci surfe généralement le CHO, ou Chief Happiness Officer.

La principale mission du CHO consiste à s’assurer du bien-être et du bonheur des salariés. Toutefois, derrière cette initiative en apparence positive se cache peut-être une nouvelle tyrannie du cool. Un paradigme qui énonce le bonheur comme condition sine qua non pour bien travailler. Une problématique complexe, à laquelle ne sont pas insensibles les ressources humaines.

Un salarié heureux est un salarié productif

« ​ Prenez soin de vos employés et ils prendront soin de vos affaires. ​ »

Cette citation vient de Richard Branson, le fameux PDG de Virgin, qui a décidé de rendre le bonheur obligatoire dans ses entreprises. Son raisonnement est le suivant : des salariés en forme et en santé, avec un bon état d’esprit, peuvent créer une émulation positive.

Une démarche dans l’air du temps qui permet aussi de se différencier et de développer sa marque employeur pour attirer les meilleurs talents. Des employés dont on prend soin seraient donc des employés plus engagés, plus impliqués, moins absents et plus efficaces. Plusieurs études américaines montrent d’ailleurs qu’il existe effectivement un lien direct entre bien-être au travail et efficience économique. Dans ces dernières, un dollar investi dans la santé et le bien-être des salariés en rapporterait jusqu’à trois. Une autre étude parue dans le Journal of Consumer Psychology souligne également que le bonheur a un impact direct sur les capacités cognitives liées à la résolution de problèmes, à la créativité et à la prise de décision.

Alors quel est le problème ?
Peut-être le fait que cette tendance ne concerne qu’une fraction d’entreprises – quelques grands groupes et start-up des grandes métropoles qui surfent sur cette mode venue des États-Unis. En France, la majorité du tissu économique est constituée de PME qui ne sont pas aussi sensibles à cette dynamique. Sans compter la fonction publique, dont la culture historique est très éloignée des nouveaux paradigmes du management.

Le bonheur au travail, une nouvelle forme de dictature ?

Derrière la question du bonheur se cache une réflexion philosophique et métaphysique dont les managers se sont emparés. Est-ce qu’un baby-foot, un repas gratuit ou un séminaire de team-building au bord d’une piscine est synonyme du bonheur ? Peut-être pour certains. Mais pas pour tout le monde.

Chaque employé a sa relation particulière au bonheur. Ce n’est pas quelque chose qui se décrète en réunion entre deux PowerPoint. Pire, ces stratégies font parfois office de cache-misère, en dissimulant les vrais enjeux managériaux et organisationnels derrière un voile de bonheur apparent.

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Tous les salariés n’aspirent pas à trouver le bonheur au travail, mais plutôt dans le sport, la culture, la vie familiale, un engagement religieux ou humanitaire, etc. Et c’est justement là où il ne faut pas confondre bonheur et accomplissement. On peut aimer son travail sans avoir nécessairement besoin d’y être heureux.

La dictature du bonheur au travail noie les différences, le multiculturalisme et les aspirations personnelles. Il y aurait donc une seule manière d’être heureux, et c’est l’entreprise qui la connaît.

Le bonheur au travail : un enjeu stratégique pour les ressources humaines

Au centre de cet enjeu, le rôle des professionnels des ressources humaines – et de la communication dans une certaine mesure – est crucial. Est-ce que le bonheur est la cause ou la conséquence de la performance au travail ?

Face à cette question, comme en marketing, la réponse doit être personnalisée et adaptée aux profils de vos collaborateurs. Le but n’est pas de faire des clans ou de forcer l’implication personnelle au sein d’activités spécifiques, mais d’adapter sa stratégie selon ses personas. Un tournoi de jeu vidéo ravira une certaine catégorie de salariés quand l’invitation à une exposition artistique ou une session massage parlera davantage à d’autres.

Transformer le bonheur en levier actionnable selon les profils et les objectifs, et non en obligation impérieuse, devrait être au centre des préoccupations des CHO. Un travail où le facteur humain doit être traité avec le plus grand respect et en phase avec les valeurs de l’organisation. Une approche empathique qui préfère proposer plutôt qu’imposer afin de créer de confiance gagnant-gagnant.

Chaque entreprise peut donc faire le bonheur de ses salariés. Une PME industrielle de Franche-Comté n’adoptera probablement pas les mêmes codes que la start-up bordelaise ou qu’un grand groupe parisien, et c’est tant mieux. Adapter le bonheur aux bonnes personnes, au bon moment et avec les bons moyens, serait peut-être justement la clé… du bonheur !

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