Laure Bertrand, professeur de Ressources Humaines à l’EMLV et directrice des soft skills pour le Pôle Universitaire Léonard de Vinci était l’invitée de Xerfi Canal. Elle revient sur l’importance des soft skills dans le monde actuel.
C’est un terme qui devient de plus en plus récurrent, mais il est parfois compliqué d’expliquer ce qu’il représente vraiment. On parle bien sûr des soft skills. Laure Bertrand nous aide à comprendre leur utilité dans le monde professionnel d’aujourd’hui.
Les soft skills, mais qu’est-ce donc ?
Il peut parfois être compliqué de comprendre le terme de « soft skills » et ce qu’il représente. En opposition aux « hard skills », il pourrait se traduire littéralement en français par « compétences molles/douces ». Ce qui ne correspond en aucun cas à sa vraie définition. Laure Bertrand propose ici de le traduire par « compétences et qualités comportementales ».
Une double dimension
Si la directrice des soft skills au Pôle Universitaire Léonard de Vinci parle de compétences et qualités comportementales, c’est parce qu’on y retrouve une double dimension. Une première dimension tend vers le registre de l’inné, ce sont les qualités comportementales. Elles correspondent à des talents ou des traits de caractère que nous possédons depuis toujours.
Les compétences comportementales, quant à elle, sont de l’ordre de l’acquis. Elles tiennent plus de l’expérience d’une personne, et peuvent même être apprises lors de formations. Ces deux points regroupent les soft skills. Ce sont des capacités qui peuvent aussi bien être propres à une personne qu’acquises au fur et à mesure des expériences.
Un large spectre de compétences
Les différents soft skills peuvent être catégorisés en quatre familles en fonction de la nature des qualités et des compétences. Une première catégorie regroupe tout ce qui touche à la connaissance de soi. On peut notamment y retrouver la solidité personnelle, c’est-à-dire comment réussir à gérer son stress et comprendre ses émotions, mais aussi celles des autres. Ici, cela comprend également la capacité à la réflexibilité, c’est-à-dire se regarder soi-même après une expérience, comprendre ce qu’il s’est passé pour apprendre ensuite à progresser.
Dans une seconde catégorie, on peut répartir les soft skills liés à la relation avec l’autre. Ce qui comprend donc une certaine forme d’empathie, l’écoute de l’autre. Mais aussi la capacité à travailler dans un groupe, le leadership dont on peut faire preuve. Ensuite, se retrouvent tous les soft skills qui appartiennent davantage au domaine de l’action. C’est-à-dire son efficacité à accomplir une tâche, mais aussi sa gestion du temps. La prise de décision peut rentrer dans cette catégorie.
Enfin, quatrième et dernière catégorie, nous pouvons retrouver les compétences et qualités à dimension cognitive. C’est-à-dire, tout ce qui va être de l’ordre de la créativité, mais aussi de l’ouverture d’esprit. Le fait d’apprendre à apprendre en fait également partie.
Pourquoi développer ses soft skills aujourd’hui ?
Dans une société où beaucoup de notre travail s’automatise et se robotise, il peut paraître quelque peu paradoxal de mettre en avant ses soft skills. Pourtant, ils sont particulièrement indispensables dans la vie professionnelle. En effet, on observe des phénomènes qui rendent ces capacités nécessaires.
De nombreux domaines se tertiarisent désormais, et dans un monde de services, il est donc important de savoir écouter, de communiquer avec les autres, mais aussi de savoir comment gérer un conflit avec un individu. Gérer son stress devient alors une compétence très demandée.
Le monde professionnel connaît un organigramme plus aplati avec peu de champs hiérarchiques. Il y a donc un besoin de personnes plus autonomes, sachant prendre des initiatives. Le digital incite aussi à plus de créativité individuelle ou collective.
« L’évolution du monde du travail, notamment avec la robotisation, l’automatisation et l’intelligence artificielle, nous oblige à miser sur le capital humain, donc les soft skills». Jérôme Hoarau, co-auteur du livre Le réflexe soft-skill
La situation d’aujourd’hui peut parfois paraître floue, voire incertaine. Un manager se doit alors de faire preuve de plus de solidité intérieure. Les connaissances et compétences techniques quant à elle sont plus rapidement obsolètes, les compétences humaines prennent alors tout leur dimension, car elles ne connaissent pas d’obsolescence. Le monde d’aujourd’hui requiert donc de plus en plus les soft skills.