Bien que la pratique du coaching ait fait l’objet d’une attention soutenue dans la littérature, aucun cadre théorique n’existe pour guider le langage des conversations visant à améliorer la performance des dirigeants.
Cet article répond à cette omission. À la suite de Richard Weaver, il ressuscite une ancienne distinction entre langage noble et ignoble et combine cette distinction avec une hiérarchie linguistique. Le langage noble culmine et donne voix à une performance exécutive optimale ; en tant que tel, c’est le langage idéal du coaching.
Une tribune de Jean-Étienne Joullié, enseignant-chercheur à l’EMLV sur FNEGE Médias.
Qu’est-ce que le coaching ?
Le coaching est une relation structurée de courte ou moyenne durée entre deux personnes et visant à l’amélioration de la performance professionnelle de la seconde. Se déroulant entre pair, entre supérieur et subordonné ou entre un coach de métier et son client, le coaching est aujourd’hui une industrie concernant des dizaines de milliers de personnes dans le monde.
L’intérêt grandissant pour le coaching s’est accompagné d’une croissance de la littérature sur le sujet. Cette littérature a dans l’ensemble, démontré les bénéfices de la pratique aussi bien pour ceux qui s’y adonnent que pour leurs employeurs.
Cependant, malgré leur richesse, les études existantes sur le coaching ne permettent pas de saisir
précisément, le mécanisme par lequel l’amélioration de la performance du coaché se produit
En ce sens, le coaching reste une boîte noire, les tonnants et les aboutissants du coaching sont bien documentés, mais son fonctionnement interne reste une énigme. Notre étude lève le voile sur l’intérieur de la boîte noire du coaching. Son point de départ est que le coaching est essentiellement une conversation entre le coach et le coacher
Comment maximiser l’amélioration de la performance professionnelle ?
Nous montrons que cette conversation si elle veut maximiser l’amélioration de la performance professionnelle du coaché, doit respecter des principes philosophico-linguistiques connus depuis Platon et successivement clarifié par Carl Buller, Carl Popper et Richard Weaver, ainsi que par Robert Spelein un des co-auteurs de l’étude.
Ces auteurs décomposent le langage en une hiérarchie de cinq grandes fonctions, de l’expression à la promesse qui peuvent chacune s’activer suivant deux valeurs, opposé appelé noble et ignoble.
Par exemple, il est possible de répondre à une description noble, c’est-à-dire vrai, tu es en retard par une expression ignoble, c’est-à-dire insincère, je croyais que la Réunion commençait plus tard. Ce modèle linguistique indique que le coacher améliorera sa performance professionnelle s’il accepte au cours de la conversation de faire des promesses responsables à lui-même et à son coach.
Ces promesses requièrent un langage noble fait d’expression sincère, de description vraie, d’arguments soutenant l’autonomie et de conseils visant à la coopération.
Au contraire, une conversation ignoble, c’est-à-dire reposant sur des expressions insincères, des mensonges, des arguments fallacieux et des conseils intéressés, ne pourra qu’aboutir à des promesses irresponsables et partant ne permettra pas le développement professionnel du coaché.
Plus généralement, dans la vie en général comme au travail, un langage ignoble ne peut que mener à une vision déformée de la réalité, favoriser les mauvaises décisions et renforcer les sentiments de dépendance et de désespoir.
Le remède à ce genre de maladie, comme le disait déjà Platon, c’est le langage noble.