Comment les leaders obtiennent-ils leur pouvoir par le langage ? Une question à laquelle tente de répondre Jean-Étienne Joullié, enseignant-chercheur à l’EMLV.
Dans cette vidéo publiée par FNEGE Médias, Jean-Étienne Joullié, enseignant et chercheur au Devinci Research Center, revient sur les caractéristiques et l’importance d’un langage noble dans le leadership.
Un langage de leader, c’est un langage noble
Les leaders emploient un langage particulier qui peut être qualifié précisément.
Trois arguments viennent soutenir cette thèse. Premièrement, les leaders sont suivis et ils ne sont pas obéis. Le leadership repose sur l’obéissance volontaire : c’est-à-dire que les suiveurs autorisent le leader.
Deuxièmement, il est possible de décider si une communication est digne de foi ou si elle est simplement autoritaire.
Une communication digne de foi, c’est une parole qui dispose de descriptions vraies, des arguments justifiés, de recommandations raisonnables, de promesses responsables. On peut qualifier ce langage de noble.
Le langage noble, c’est le langage de la confiance, de l’expérience, de l’assurance ; c’est le langage de celui qui donne envie de le suivre. parmi les exemples récents, on peut citer le général de Gaulle ou Winston Churchill comme étant des locuteurs nobles.
Langage noble vs langage ignoble : donner (ou pas) envie de suivre
À contrario, le langage ignoble, c’est un langage trompeur, qui repose sur des descriptions biaisées ou fausses, des arguments trompeurs ou fallacieux, des justifications infondées, des promesses irresponsables.
Le langage ignoble, c’est le langage de celui qui ne sait pas, mais qui veut faire croire qu’il sait. C’est le langage de la couardise, qui essaye de se faire passer pour le courage.
Un certain président américain vient à l’esprit. Troisièmement, et par voie de conséquence, le leadership repose sur un langage noble ; il donne confiance, envie de suivre.
Plus généralement, au travail et ailleurs, on trouve des personnes en position de pouvoir qui sont capables d’imposer l’obéissance.
Ces personnes ont parfois la tendance de se voir comme étant supérieures aux autres, comme étant des êtres extraordinaires ou exceptionnels et, bien entendu, de se voir des leaders.
Mais ce n’est pas le cas : si le pouvoir à imposer l’obéissance suffisait à être leader, le manager autoritaire, le policier au bord de la route ou le bandit qui vous menace d’une arme pourrait prétendre à être des leaders.
Concevoir le leadership comme étant une relation de confiance bâtie sur le langage noble permet de faire la différence entre le leader et le manager autoritaire.
Comment les leaders obtiennent le pouvoir par le langage ? En parlant un langage noble, de description complète, d’arguments solides, de recommandations justifiées, de promesses responsables. C’est un langage que nous pouvons tous parler.