Entretien. A l’occasion de la parution de « L’Europe peut-elle faire face à la mondialisation », trois questions à Sylvie Matelly et Bastien Nivet.
Sylvie Matelly est responsable du département Finance, Droit et Economie à l’EMLV et directrice de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). Bastien Nivet est enseignant-chercheur à l’EMLV et chercheur associé à l’IRIS. A l’heure de la crise considérable des migrants en Europe, ils publient « L’Europe face à la mondialisation », un ouvrage qui questionne le positionnement de l’Union européenne et son rôle face à la mondialisation.
Cet ouvrage fait partie d’une collection (« RéflexeEurope/Débats ») que notre éditeur La Documentation Française a lancée il y a quelques années afin de favoriser la mise en débat des enjeux européens, souvent perçus comme trop complexes ou inintéressants alors même qu’ils peuvent être décisifs et passionnants.
Il s’adresse à ce titre à tout citoyen ou professionnel désireux de trouver des éléments de réponse et de mise en débat utiles sur le rôle et la place de l’Europe dans la mondialisation. En dédiant cet ouvrage à nos étudiants, notamment de l’EMLV, nous avons cependant voulu leur envoyer un signal particulier, et attirer leur attention sur le fait que ce seront eux les acteurs et bâtisseurs de l’Europe de demain.
Crise des migrants, débats sur un retrait britannique (Brexit), hypothèse d’une sortie de la Grèce de la zone Euro (Grexit), l’Union européenne semble aujourd’hui en difficulté. Qu’est-ce que cela nous apprend sur l’état de l’UE et son rapport au monde ?
Très différentes dans leurs causes et conséquences, ces difficultés européennes ont pour point commun d’illustrer la difficulté actuelle de l’Union européenne dans la mondialisation. Bien que possédant de nombreux atouts, de nombreux intérêts communs, une forte interdépendance et un ensemble institutionnel et politique commun (l’UE), les Etats membres de l’UE peinent à faire preuve de cohésion face à ces défis.
Cela tient à la fois à une certaine dépolitisation du projet européen au profit d’une approche davantage centré sur le marché intérieur et les enjeux économiques, mais aussi à une réelle frilosité politique et un manque de cohérence entre des intérêts politiques nationaux différents, voire parfois contradictoires.
En étudiant la situation et l’attitude de l’Europe dans la mondialisation, nous espérons apporter au lecteur des éclairages utiles sur ses points forts et travers, sur des questions comme son degré d’ouverture et de fermeture au reste du monde, sur son poids relatif dans le monde ou sur ce qui la distingue par rapport à d’autres acteurs internationaux…
Quels sont les prochains enjeux, immédiats ou de plus long terme, que l’UE doit affronter ?
Parmi les enjeux immédiats, la conférence Paris Climat 2015 (COP 21) sera un test de la capacité des Européens à formuler un agenda commun de lutte contre le changement climatique, mais aussi plus largement en matière de politique énergétique. C’est aussi un test sur la capacité des Européens à faire partager, à diffuser leurs préoccupations environnementales par d’autres Etats pour lesquels cela n’a pas toujours été le cas. La crise dite des réfugiés appelle aussi une réponse européenne, car les évènements des derniers mois ont montré qu’il était illusoire pour tout Etat européen de vouloir jouer cavalier seul sur cette question, que ce soit dans le sens de la fermeture ou de l’ouverture. La réponse ne peut qu’être européenne, pour des raisons géopolitiques, politiques, humanitaires, légales…
A plus long terme se pose la question de l’évolution globale de l’UE, avec des perspectives contradictoire : poursuite de la construction européenne (avec les perspectives d’élargissement dans les Balkans, des progrès attendus sur certaines politiques comme l’énergie), ou au contraire blocage voire retour en arrière (Brexit, Grexit, remise en cause des accords de Schengen, etc.).
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