Le Pôle Léonard de Vinci a organisé une table ronde réunissant experts, éducateurs et professionnels pour explorer les enjeux de l’intelligence artificielle générative. À travers une approche transverse portée par ses trois écoles (EMLV, ESILV, IIM), implantées à Paris, Nantes et Montpellier, le Pôle a interrogé l’impact de cette technologie : opportunité ou menace pour l’enseignement ?
Le 30 novembre 2024 a marqué le deuxième anniversaire de ChatGPT, un outil développé par OpenAI, qui a popularisé l’usage de l’IA générative. Depuis, cet outil a bouleversé les pratiques technologiques et a commencé une réflexion profonde sur son intégration dans l’éducation.
Avec une adoption massive de l’IA générative, les institutions éducatives repensent leurs méthodes pour répondre à des défis techniques, pédagogiques et sociétaux.
L’IA dans l’éducation : adoption et dépendance
L’IA générative, utilisée par 99 % des étudiants interrogés dans une étude menée par le Pôle Léonard de Vinci, transforme les pratiques éducatives.
Si 83 % y voient un gain de temps et 79 % une aide précieuse face à des problèmes complexes, 51 % des utilisateurs déclarent une dépendance pour accomplir certaines tâches. Cette statistique illustre un enjeu majeur : comment intégrer l’IA sans altérer l’autonomie des apprenants ?
IA : les approches pédagogiques des écoles du Pôle Léonard de Vinci
Animée par Peter Saba, enseignant-chercheur à l’EMLV et chercheur permanent au sein de l’équipe SI de Montpellier Recherche en Management (MRM), cette table ronde a permis aux trois écoles du Pôle, l’EMLV, l’ESILV et l’IIM, de proposer une vision transverse de l’intégration de l’IA dans l’enseignement.
- EMLV : compétences stratégiques et transverses
Duc Khuong Nguyen, directeur de l’EMLV, souligne que les entreprises attendent des diplômés une maîtrise des outils techniques (Python, algorithmes) mais également des compétences transverses telles que la créativité et la collaboration. L’IA devient un levier stratégique, nécessitant un encadrement pour en exploiter pleinement le potentiel. - IIM : co-création et créativité augmentée
Lydia Nikolic, Directrice de l’IIM, met en avant l’utilisation d’outils comme MidJourney dans les projets étudiants, permettant d’accélérer et enrichir les créations. Toutefois, l’objectif reste de prévenir la standardisation et de promouvoir un dialogue homme-machine pour garantir l’originalité. - ESILV : méthodologie et IA responsable
Pascal Pinot, directeur de l’ESIMV, insiste sur la responsabilité des ingénieurs dans le développement de solutions IA. Transparence, documentation et interprétabilité des modèles sont les maîtres mots pour éviter les dérives et mieux encadrer l’usage de ces technologies.
Les enjeux organisationnels et sociétaux : entre risques et opportunités
L’intégration de l’IA pose aussi des défis à l’échelle des entreprises et de la société.
- Choc générationnel et confidentialité
Florence Jacob, Maître de Conférences à IAE Nantes, met en lumière les tensions intergénérationnelles face à l’adoption des outils IA. Les jeunes, technophiles, peuvent parfois outrepasser les règles de confidentialité grâce à des solutions non encadrées. Ce manque de régulation expose les entreprises à des risques éthiques et opérationnels. - Dépendance cognitive et standardisation
Dans un contexte où l’automatisation devient la norme, les productions académiques et professionnelles risquent de perdre en diversité et en profondeur. Former à un usage critique de l’IA est crucial pour éviter une standardisation des idées et préserver l’esprit critique.
L’IA : comment trouver l’équilibre nécessaire entre productivité et autonomie ?
Nicolas Glady conclut sur une note optimiste, affirmant que l’IA générative peut être une révolution cognitive si elle est utilisée de manière éclairée.
Le défi pour les institutions comme le Pôle Léonard de Vinci est de trouver un équilibre entre innovation technologique et développement humain, grâce à une approche mêlant sciences, créativité et humanisme. Finalement, l’IA, générative ou dégénérative, reflète avant tout l’usage que l’on en fait.