Dans une interview accordée à FranceInfo pour le podcast « C’est mon boulot », Laure Bertrand, enseignante-chercheuse et Directrice soft skills, développement durable et carrières au Pôle Léonard de Vinci, a partagé son point de vue sur l’intégration des intelligences artificielles (IA) génératives dans l’enseignement supérieur.
Elle a expliqué comment ces outils transforment l’approche pédagogique, mais également les méthodes d’évaluation.
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L’AI et les études supérieures : une intégration progressive et l’adaptation des méthodes d’évaluation
Au départ, Laure Bertrand a accueilli les IA génératives avec une certaine réticence. Elle confie avoir ressenti une appréhension face aux capacités impressionnantes de ces technologies.
En tant que spécialiste des ressources humaines, enseignante des soft skills et du développement durable, elle s’inquiétait de l’impact potentiel des IA sur la capacité des étudiants à réfléchir par eux-mêmes, et surtout sur l’intégrité des travaux académiques.
Toutefois, cette méfiance initiale a laissé place à une réflexion plus profonde sur la manière d’intégrer l’IA dans l’enseignement. Plutôt que de les interdire, Laure Bertrand et son équipe ont décidé de les inclure progressivement dans les pratiques pédagogiques à partir du printemps 2023.
Désormais, ses méthodes d’évaluation reposent davantage sur des évaluations orales et des textes écrits à la main, afin de garantir l’authenticité des travaux des étudiants. Elle souligne qu’il faut faire preuve d’une grande vigilance, comparable à celle d’un détective, pour déterminer si un devoir a été réalisé avec l’aide d’une IA comme ChatGPT. Cette difficulté à vérifier l’utilisation d’une intelligence artificielle a conduit à repenser l’ensemble du processus de notation.
Les travaux réalisés à domicile ne participent plus à la note finale. Ils sont dorénavant utilisés uniquement à titre préparatoire. L’oral et les évaluations en présentiel sont devenus des éléments essentiels pour mesurer la compréhension et la maîtrise des concepts par les étudiants.
Travailler sans IA, puis avec : un apprentissage raisonné
Au Pôle Léonard de Vinci, Laure Bertrand met également en place un double système d’apprentissage pour les étudiants : d’abord sans IA et par la suite avec. Elle insiste sur la nécessité de sensibiliser les futurs professionnels à un usage réfléchi des IA génératives.
L’objectif est de leur apprendre à explorer un sujet en profondeur avant de solliciter l’IA pour affiner leurs réflexions. Ce processus leur permet de ne pas perdre l’habitude de réfléchir par eux-mêmes, tout en leur montrant comment utiliser ces outils de manière intelligente et raisonnée.
Pour Laure Bertrand, il est crucial de rester maître de l’outil et de son utilisation. Elle souligne que le jour où il ne sera plus possible de produire autre chose que ce que l’intelligence artificielle générative produit, il y aura véritablement lieu de s’inquiéter.
Pour en savoir plus sur l’étude « L’impact des IA génératives sur les étudiants »
