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Portrait-robot de l’employeur idéal selon les étudiants du Pôle Léonard de Vinci

Laure Bertrand, directrice Soft Skills et Transversalité dans le cadre du Pôle Léonard de Vinci, travaille au plus près des jeunes de première et deuxième années pour que chaque semaine pédagogique transversale reflète la capacité des étudiants des trois écoles, EMLV, ESILV et IIM, à décloisonner leurs approches et ouvrir leurs horizons. Inspirée par la semaine transversale des étudiants de deuxième année organisée en mars 2019, Laure Bertrand nous livre son analyse inédite de l’univers des attentes des fameuses générations « Y » et « Z » à l’égard des employeurs et de la perception de ces jeunes du monde du travail.

C’est un fait avéré, 9 diplômés de grandes écoles sur 10 sont en emploi moins de six mois après leur diplomation. Cependant, une autre étude récente a montré que 43% des jeunes diplômés ont quitté leur premier emploi moins de 20 mois après l’avoir accepté.  Attirer, recruter et fidéliser les talents : ce sont les enjeux de taille auxquels doivent faire face les employeurs.

Retrouvez la tribune de Laure Bertrand, initialement publiée dans Le Monde des Grandes Écoles.

Quel employeur idéal, pour les jeunes générations ?

Les jeunes générations sont ciblées en particulier : les « Y », les fameux millenials nés entre 1980 et 2000, et surtout désormais les « Z », nés après 2000. Les Directions des Ressources Humaines et Directions de de la Communication scrutent de près ces populations d’étudiants et de jeunes diplômés, pour décrypter leurs comportements, leurs visions de l’entreprise, leurs motivations par rapport au monde professionnel.

Pour les séduire, comment parler leur langage ? Pour les garder, comment anticiper les nécessaires évolutions des organisations et y préparer les managers actuels ?

Les analyses fleurissent. Dans ces enquêtes, si les échantillons interrogés ne sont pas toujours identiques et si les questions peuvent différer, des récurrences apparaissent toutefois dans les aspirations des jeunes sur le monde professionnel :

  • Une structure d’entreprise moins verticale, plus décentralisée
  • Une organisation du travail plus libre
  • Le lieu de travail comme un espace convivial, favorisant les échanges, le bien-être et la qualité de vie
  • Un manager bienveillant et respectueux, jouant le rôle de coach
  • La possibilité d’apprendre et de développer ses talents.

L’importance de la dimension humaine de l’entreprise revient régulièrement. L’engagement sociétal de l’employeur est également abordé, dans quelques études. Le format du CDI est plébiscité, même si des épisodes ultérieurs en freelance sont envisagés aussi. La rémunération est évoquée, parmi les critères prioritaires de choix d’une entreprise, et d’engagement dans le travail.

Un Hackathon, pour explorer les représentations des étudiants sur « l’Employeur idéal »

Pour contribuer à ces débats, le Pôle Léonard de Vinci a organisé, en mars dernier, une semaine pédagogique transversale en mode projet.

Les mille étudiants de 2e année des trois écoles du Pôle, Management (EMLV), Ingénieurs (ESILV) et Digital (IIM), étaient organisés en 180 équipes pluridisciplinaires. Âgés en moyenne de 19 à 20 ans, les étudiants avaient une connaissance encore assez succincte de l’entreprise : une opportunité intéressante, pour étudier leurs représentations « naïves » sur le monde professionnel. Les premiers résultats font écho aux études citées*.

Quels mots pour évoquer le Travail et l’Employeur idéal ?

Au démarrage de cette semaine Hackathon, les étudiants ont choisi des termes pour définir ces deux notions.

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Le concept de « Travail » est prioritairement associé à la rémunération. « Salaires », « argent », « revenu », « rémunération »… Si l’on regroupe ces termes dans une même classe, celle-ci arrive très largement en tête dans les citations des étudiants.

La vision que ces jeunes étudiants de 20 ans ont du travail semble donc pragmatique et utilitariste. On travaille d’abord pour gagner sa vie.

On peut citer également les autres mots fréquemment cités par les étudiants à propos du concept de Travail : « la responsabilité », « les équipes », « la hiérarchie »… Cette terminologie évoque l’organisation interne des entreprises, et relève davantage d’une description un peu distanciée, plutôt que d’un engagement personnel.

Ensuite, il apparait dans les résultats que « l’Employeur idéal » est incarné, aux yeux des étudiants. C’est le manager et non l’entreprise.

Et ce manager-employeur-idéal est caractérisé en premier lieu par ses qualités humaines. Le premier adjectif choisi pour le définir est « à l’écoute ». Suivent de près : « compréhensif », « bienveillant », « respectueux », « empathique ».

Quelles visions de l’Employeur idéal, proposées par les étudiants aux entreprises ?

A la fin de la semaine transversale, en mode showroom, les 180 équipes ont présenté leurs visions de l’Employeur idéal. Beaucoup des projets ont exprimé la perception d’une différence entre le fonctionnement des entreprises et les attentes des jeunes, ainsi que la nécessité de changements importants. Voici quelques-unes des recommandations aux entreprises que font ces étudiants de 20 ans :

  • Viser l’épanouissement des collaborateurs et les accompagner dans leur développement
  • Valoriser l’empathie, mettre en place des relations humaines respectueuses
  • Développer la reconnaissance du travail des collaborateurs, et de leurs soft skills; donner des objectifs clairs et du feed-back régulier
  • Créer un label ISO, qui certifie que les entreprises respectent des valeurs et pratiques de confiance et de communication avec les salariés
  • Prendre le temps d’une véritable intégration, où les nouveaux arrivants sont accompagnés par des collègues expérimentés, de façon accueillante et chaleureuse
  • Favoriser la cohésion et la collaboration entre les générations : parrainage des jeunes par les seniors pour les former et les guider dans l’entreprise, reverse mentoring (par exemple sur les réseaux sociaux), activités de groupe mensuelles mixant les différentes générations
  • Conseiller les collaborateurs sur leurs choix de parcours, leur laisser la parole sur leur vision de l’entreprise et sur leur environnement de travail
  • Utiliser la gamification dans le recrutement et dans la formation, rendre le travail plus ludique, motiver ses équipes par le Jeu, créer des activités collectives conviviales sur le lieu de travail (sport, aventure, challenges) et en dehors (week-end d’intégration, afterwork)
  • Instaurer des horaires flexibles, laisser de la liberté dans l’organisation de son temps
  • Motiver les collaborateurs par des missions variées pour éviter la routine, créer un « flow » d’expériences et de missions innovantes
  • Créer un cadre de travail chaleureux, lumineux et verdoyant, où la Nature a sa place, prévoir des lieux de réunion et d’échanges
  • Stimuler la coopération interservices, mettre en place des semaines-projet collaboratives avec des salariés de différents services
  • Partager les valeurs de l’entreprise, créer une communauté où la hiérarchie n’est pas un critère. Privilégier l’aide, plutôt que la sanction.

Autant de pistes intéressantes à explorer…

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