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Quelles disruptions dans l’enseignement supérieur ? Une tribune par Sébastien Tran, directeur de l’EMLV

L’apparition de nouvelles entités clé comme les Edtech et les GAFA est en train de transformer le marché de l’enseignement supérieur, qui est amené à repenser ses modèles classiques. Résilience des organisations et coopétition entre les différents acteurs sont des tendances qui vont bien au-delà du simple partage de connaissances et qui favorisent la complémentarite des compétences et des ressources.

Dans cet article publié dans la revue « Management et Datascience« , Sébastien Tran, directeur de l’EMLV et directeur adjoint du Pôle Léonard de Vinci, partage sa vison d’expert sur les transformations de l’enseignement supérieur dans le contexte de l’emérgence des acteurs issus du monde de la Edtech et de nouvelles écoles niche comme Aivancity, Ecole 42, etc…

L’enseignement supérieur va-t-il être disrupté par de nouveaux acteurs ?

L’enseignement supérieur connait depuis plusieurs années des transformations significatives avec l’arrivée notamment de nouveaux acteurs (acteurs de la Edtech comme Openclassroom, l’école 42 fondée par Xavier Niel, récemment la création de AIvancity dans le domaine de l’IA, etc.).

A cela s’ajoute l’entrée potentielle d’acteurs de type GAFA (notamment Apple ou Google) ou d’acteurs majeurs qui se positionnent dans la formation tels que LinkedIn. Certains experts ou acteurs du secteur de l’éducation brandissent ainsi la menace d’une disruption du secteur et certains vont même jusqu’à prôner la disparition des écoles de management (Parker, 2018).

Jusqu’alors relativement protégé, l’enseignement supérieur serait en passe de devenir un « marché comme un autre » où les positions établies seraient bousculées avec l’arrivée de ces nouveaux acteurs.

L’enseignement supérieur : un marché attractif et en croissance

Le secteur de l’enseignement supérieur est un marché en très forte croissance du fait de la croissance démographique de la population notamment dans certaines zones géographiques (Chine, Inde, Afrique), d’une demande croissante pour les études dans le supérieur et d’une mobilité internationale plus importante également.

Le dernier rapport du cabinet Marketsandmarkets estime ainsi que le marché de l’enseignement supérieur va passer de 13,7 milliards € en 2020 à 35,8 milliards en 2025. A la rentrée de septembre 2019 on recensait en France dans le secteur de l’éducation près de 15,8 millions d’étudiants, élèves et apprentis.

Cette croissance liée à la démographie de la population et aux flux d’étudiants étrangers est portée notamment par le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur depuis une dizaine d’année, et plus particulièrement l’enseignement supérieur privé. Depuis 1998, les inscriptions dans le privé ont ainsi doublé tandis qu’elles n’ont augmenté que de 15 % dans le public.

L’enseignement supérieur privé représente plus de 20% des effectifs du supérieur en 2019, et est surtout concentré dans les écoles de management, et dans une moindre mesure, les écoles d’ingénieurs (le développement de l’alternance dans ces écoles a également contribué à l’augmentation du nombre d’étudiants). L’arrivée des nouveaux acteurs s’explique donc par la croissance du marché en volume, mais également en valeur.

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En effet, on observe que le développement d’une offre privée correspond aussi à une « propension à payer » plus importante au sein des familles qui sont prêtes parfois à dépenser ou emprunter plusieurs milliers d’euros par an pour une formation (les frais de scolarité des écoles de management post-prepa ont progressé en moyenne de 76% entre 2009 et 2020).

Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que les études dans les établissements privés sont de plus en plus considérées comme une réelle alternative aux formations publiques notamment en matière d’employabilité et de construction d’un capital social (réseau des alumni, relations avec les entreprises, séjours à l’international, etc.).

Le développement des formations privées est une tendance que l’on retrouve dans l’ensemble des cycles du secteur de l’éducation (de l’école primaire à l’enseignement supérieur) et qui correspond également dans le supérieur à une offre alternative aux universités qui manquent souvent de moyens pour accompagner les étudiants vers l’employabilité (bien que certains établissements comme Dauphine ou certaines formations comme les IAE connaissent aussi une attractivité très forte).

Enfin, la croissance du nombre d’élèves conjuguée à un taux de réussite du baccalauréat de plus en plus élevé contribue à des études de plus en plus longues, conduisant ainsi à ce que le niveau bac+5 devienne progressivement une « norme » en termes de niveau de diplôme avant l’entrée sur le marché du travail.

Vers une disruption du marché de l’enseignement supérieur : mythe ou réalité ?

De nouveaux entrants sont arrivés sur le marché de l’enseignement supérieur depuis plusieurs années laissant craindre une forme de disruption ou de « netflixisation » de certaines activités comme la formation continue. On peut ainsi distinguer plusieurs types de nouveaux acteurs dans l’enseignement supérieur :

  • Les acteurs issus du monde de la Edtech (Openclassrooms, Coursera, etc.)
  • Les écoles spécialisées sur un domaine (Ecole 42, Wild Code School, Green Management School, Futurae, etc.)
  • Les acteurs issus du monde professionnel et de la formation continue (LinkedIn, universités d’entreprise, etc.)
  • Enfin, des écoles à l’interface de plusieurs domaines/disciplines (Aivancity, etc.)

Pour autant, les établissements d’enseignement supérieur continuent de se développer et certains voient même leur attractivité se renforcer (les IAE, Dauphine, les écoles de management, les écoles d’ingénieurs, etc.). On n’observe pas à proprement parler de disruption dans le secteur de l’enseignement supérieur, et les nouveaux acteurs restent pour l’instant positionnés sur des niches ou des segments du marché. Comment expliquer finalement que les établissements traditionnels et historiques ne soient pas plus en difficultés avec l’arrivée de ces nouveaux concurrents ?

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site de la revue « Management & Data Science« .

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