Connue en anglais sous le nom de « business history », l’histoire des entreprises a beaucoup à nous apprendre sur la croissance économique, le monde managerial et l’évolution de la société tout court. Mais qu’est-ce que c’est la « business history » ?
Adrien Passant, enseignant-chercheur à l’EMLV, tente de répondre à cette question à travers un décryptage vidéo publié sur la chaîne FNEGE Médias.
« Business history » ou « histoire des affaires » ?
La « Business History » est une discipline scientifique jeune née dans les années 1920 aux États-Unis. Elle a initialement été développée pour faire connaître aux étudiants en management les problèmes qui marquaient le monde des affaires par le passé et leurs solutions. Elle a d’abord été conçue pour être une source d’inspiration sur les manières de conduire des affaires.
L’un des principaux contributeurs au développement de cette discipline à partir des années 1960 est l’américain Alfred Chandler. Alors que les premiers travaux en business history étaient des études de cas individuelles, Chandler a ouvert la voie vers des études comparatives expliquant la croissance des entreprises en insistant sur le rôle passé de leurs stratégies et leurs structures. La business history est voisine de l’histoire économique.
Toutefois, sa spécificité est de s’intéresser en propre à l’histoire du monde d’affaires au sens large. Elle aborde les activités économiques, commerciales et financières ayant pour objectif (ou non) de générer des profits.
L’ampleur de ce périmètre explique pourquoi le syntagme de « business history » est généralement employée par les Francophones pour désigner la discipline. En fait, plusieurs traductions du terme « business history » ont été proposées en français, comme « histoire des affaires », mais sans rencontrer de succès, car le terme « affaire » revêt une connotation dépréciative.
Business history, un concept au carrefour de plusieurs champs d’application
Les syntagmes « histoire des entreprises » et « histoire du management » ont été aussi proposés, mais sans faire l’unanimité, car ils sont réducteurs. En fait, l’appellatif anglais « business history » permet de condenser, avec un minimum de mots, une plus grande variété de significations. Ce terme recouvre quatre notions :
- l’histoire du management en tant comme processus,
- l’histoire de ses acteurs (managers, entrepreneurs, leaders, comptables, commerciaux)
- l’histoire des organisations où se manifestent ces processus et ces acteurs (entreprises, fondations, associations, services publics)
- l’histoire de ses parties prenantes : organisations de formation, de régulation, de réflexion, de financement.
Plus largement, la business history, c’est aussi l’histoire des contextes économiques, sociaux, politiques, écologiques dans lesquels se sont déployées les différentes formes du management.
Pour conclure, la grande vertu de la business history est de nous rappeler que le management est un lieu d’histoire.
Pour mieux en saisir les enjeux contemporains, il faut savoir prendre du recul et relativiser la prétendue nouveauté des tendances actuelles.