Stimuler la créativité et l’innovation, encourager les initiatives intrapreneuriales, fédérer les employés, développer les liens entre eux et ceux avec l’entreprise… Les avantages de la culture start-up sont nombreux, en entreprise comme dans l’enseignement supérieur.
Dans une tribune d’expert publiée sur Monde des grandes écoles, Julien Dudognon, responsable du pôle Entrepreneuriat au Pôle Léonard de Vinci donne quelques clés de compréhension.
S’inspirer de la « culture start-up »
Pas facile de garder la motivation ! Voilà un exemple de propos déjà prononcés ou entendus dans le contexte sanitaire actuel. Le télétravail imposé, induit à cause de (ou grâce à) la crise sanitaire, va-t-il s’ancrer dans le futur ? Les entreprises doivent-elles revoir leurs modèles pour continuer à inspirer les créateurs de demain ? Quels sont les besoins des entrepreneurs, open-innovateurs, intrapreneurs et créatifs ? Qu’en est-il de la vie d’entreprise en temps de Covid ?
Les « distanciations sociales » au travail
Alors que la crise sanitaire est venue accélérer les processus de digitalisation des entreprises, le télétravail est devenu une réalité quotidienne pour 41 % des français. Si le pari du “zéro bureau” a déjà séduit plusieurs entreprises et salariés, (économies sur les coûts de structure, sentiment de liberté et d’autonomie accrue), il ne semble pas convenir à tous puisque 32 % des télétravailleurs déclarent vivre mal le télétravail au quotidien et 41 % se sentent isolés.
Le fameux “On se fait un visio?” est symptomatique du besoin des collaborateurs de se voir et d’échanger visuellement à l’heure des distanciations sociales.
Bien que les outils largement répandus sur le marché (Teams, Zoom, etc.) répondent aux besoins des salariés de collaborer à distance, peuvent-ils vraiment remplacer les échanges spontanés et rencontres fortuites qu’on peut avoir à “la machine à café” ?
Le lieu de travail est avant tout un lieu de sociabilisation
Selon l’idéologie du travail et la pyramide de Maslow, le “bonheur” du salarié est intrinsèquement lié à 5 besoins, qu’on peut regrouper en 2 catégories: les besoins primaires et sociaux. Si les nouveaux modes de travail “à distance” satisfont les besoins “primaires”, à savoir les besoins physiologiques et de sécurité, qu’en est-il des besoins d’appartenance à une communauté, d’estime (de ses collègues ou collaborateurs) et d’accomplissement de soi, qui sont davantage liés à la sociabilisation des individus ?
S’il existe une certaine corrélation entre “bonheur au travail”, “performance” et “capacité à créer / innover”, il est légitime de se demander: comment continuer à attirer et inspirer les créateurs de demain ?
Qui sont les “créateurs de demain” et à quoi aspirent-ils ?
En 2020, 38 % des entreprises sont créées par des jeunes de moins de 30 ans. Le nombre en hausse d’entreprises créées par rapport à 2019 (+ 4 % et 850 000 créations d’entreprises) nous donne une première piste de réponse du côté de nos entrepreneurs.
Néanmoins, il y a aussi les open-innovateurs, les intrapreneurs et créatifs de tout genre qui partagent souvent un dénominateur commun : celui de faire partie des générations Y et Z.
Encore connus sous les noms de “millennials” et “digital natives”, ces derniers favorisent une entreprise avec un management transversal, où on travaille “en mode projet”, avec des équipes pluridisciplinaires basées sur l’intelligence collective plutôt qu’un management hiérarchique. Ces générations de travailleurs souhaitent plus d’autonomie, plus de communication et une transparence accrue pour donner du sens à ce qu’ils font. Ils ne souhaitent que très rarement rester toute leur vie dans la même entreprise et pour eux l’ancienneté est souvent synonyme de frein à la créativité.
Favoriser la créativité grâce à la “culture startup”
Encore abstraite pour quelques entreprises, la notion de “culture startup” est représentée par les moyens et processus mis en place au sein des organisations pour stimuler les employés, les initiatives intrapreneuriales et favoriser la créativité et l’innovation.
A l’image des hackathons bien connus chez les startups, les entreprises peuvent lancer des initiatives ou challenges internes, ce qui induit un apprentissage par la pratique (“learning by doing”), et répond au besoin des salariés en matière d’appartenance à un groupe, d’estime de soi et de réalisation. L’objectif est notamment d’inspirer et de fédérer les salariés pour booster leur créativité, ce qui est bénéfique à la fois au développement et au dynamisme de l’entreprise, ainsi qu’aux salariés qui “sociabilisent” et augmentent leur capital “bonheur”.
Comme l’artiste qui cherche l’inspiration dans son environnement avant de s’exprimer devant une toile, l’une des clés pour augmenter la créativité réside dans l’exposition à des innovations ou sujets, liés directement ou non à l’activité : événements, conférences, projets, etc. Un exemple concret est celui de Google qui accorde à ses salariés une journée entière par semaine dédiée au développement de projets personnels. Cela favorise l’éveil et la curiosité des salariés, y compris sur des domaines qui leur étaient jusqu’alors inconnus.