« Une vision sans stratégie n’est qu’une illusion », c’est l’une des devises de Stéphane, ancien diplômé de l’EMLV, promo 2010, actuellement senior manager au sein du groupe Elior. Il est également un mentor reconnu en Afrique et sur la scène internationale : s’engager auprès de la jeunesse, c’est s’améliorer et grandir continuellement.
Après son master en Finance & Contrôle de gestion à l’EMLV, Stéphane Semion Oba a enchaîné les expériences professionnelles en France et à l’international. Depuis 2017, il travaille pour le groupe Elior, où il gère le déploiement des indicateurs stratégiques du plan New Elior au sein du departement planification stratégique du groupe. Mais, en plus d’être un expert de l’audit, Stéphane a à cœur de transmettre aux plus jeunes ce que les années et l’expérience lui ont enseigné. Engagé en tant que mentor auprès de l’association 10 000 codeurs, il revient sur son parcours et l’importance des soft skills dans tous les champs de la vie.
Choisir son école de commerce post-bac : un établissement confiant et à la fois humble
J’ai suivi un cursus classique jusqu’à l’obtention de mon un bac économique et social. Esprit rebelle avec une conscience politico-sociale développée très jeune, je me voyais en grand diplomate pour être à la table des décisions où se jouent les grands enjeux de ce monde. Bon, je me voyais aussi avocat ou ingénieur aéronautique…. Mais en réalité, combien savent vraiment ce qu’ils veulent faire de leur vie à 18 ans ?
Et puis doit-on faire toute sa vie la même chose ? Finalement assez peu organisé dans ma préparation pour les concours menant aux métiers de relations internationales, j’ai souhaité commencer par un cursus généraliste dans un premier temps. Pas franchement attiré par les formations de type Prépa, et souhaitant plutôt évoluer dans un environnement se rapprochant du monde de l’entreprise, j’ai identifié quelques écoles de commerce post-bac.
Mon choix s’est rapidement porté sur l’EMLV, à l’époque, une jeune école avec de grandes ambitions de développement et jouissant d’infrastructures incroyables au cœur du quartier des affaires. J’ai vraiment aimé le message que l’école véhiculait : de la confiance en son fort potentiel mais sans arrogance.
D’un point de vue purement scolaire, j’en retiens la qualité du corps professoral, avec des enseignements théoriques précis, mais aussi des enseignements qui favorisaient l’approche « out of the box » comme les cours de culture générale ou de théâtre.
Je me souviens avoir été passionné par les cours d’économie et de géopolitique. J’ai également apprécié les enseignements autour de la création d’entreprise et je garde surtout d’excellents souvenirs de travaux de groupe.
Humainement parlant, j’ai vécu des moments mémorables au Pôle, endroit dans lequel j’ai rencontré certains de mes plus proches amis. Enfin, pêle-mêle j’évoquerais le plaisir d’avoir pratiqué plusieurs sports, d’avoir étudié dans des salles confortables disposant de matériel de qualité, et surtout d’avoir pu partir en échange Erasmus pour une année exceptionnelle en Corée du Sud.
D’un Master en contrôle de gestion à une carrière dans la stratégie et le développement commercial
Avec la découverte de nouvelles matières à l’EMLV, je me suis finalement spécialisé dans l’analyse des chiffres avec un Master 1 en Finance et Contrôle de gestion, avec à mon actif un stage de 6 mois en gestion de patrimoine et conseil en immobilier lors de ma 2ème année d’études et un emploi d’été dans le domaine de la culture à Séoul.
Après l’EMLV, j’ai validé un Master Spécialisé en Planification et Gestion des risques en alternance au sein de la Maison Givenchy (LVMH) en tant que contrôleur de gestion commercial pour la zone export.
A vrai dire, je me suis construis un parcours « sur mesure » au gré de mes envies et des opportunités qui se présentaient, sans avoir en tête une voie toute tracée.
Avec cette idée en tête, et la volonté de découvrir encore et toujours le monde, j’ai quitté la France une première fois pour faire un volontariat international en entreprise (V.I.E) pendant 18 mois en tant que Business Analyst chez Orange en Ouganda.
Puis de retour en France, après de nouvelles missions en contrôle de gestion pour des grands groupes de divers secteurs (cosmétiques, biotechnologies…), on m’a proposé de relever un autre défi passionnant avec la création d’un département d’Audit Interne au sein d’une jeune structure basée au Rwanda. Avec des résultats probants, j’ai été muté au Kenya en tant que Directeur des opérations avec le management de 35 collaborateurs.trices et la mise en place d’un système logistique inédit en Afrique de l’Est pour le transport de produits surgelés. Suite à cette expérience de vie incroyable, j’ai intégré le Groupe Elior, leader de la restauration collective en France, comme auditeur et contrôleur interne.
En 3 années, j’ai participé à l’évaluation de l’activité de presque 50 sites en France et à l’international (Etats-Unis, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Inde), à la mise en place d’une nouvelle cartographie des risques et à la gestion de projet pour l’intégration d’une solution digitale pour une data-analyse agile et automatisée.
Je suis actuellement Senior Manager au sein de la Direction de la planification stratégique et du développement commercial du Groupe.
Donner du sens à son parcours en s’engageant pour la jeunesse africaine
Tout d’abord, j’ai eu la chance d’avoir été soutenu plus jeune par des mentors inspirants qui ont largement favorisé mon évolution professionnelle et qui ont influencé mes succès à chaque étape.
Partant de ce fait, j’ai souhaité partager mes expériences avec les plus jeunes qui n’ont pas forcément eu la chance d’être accompagné scolairement et dont le potentiel me semblait inexploité. J’ai donc été mentor actif au sein de l’association ZUPdeCo qui lutte pour réduire les inégalités à l’école.
Fils d’immigrés russe et congolais, j’ai toujours été très fier de ma triple culture et mon identité afro-européenne. C’est lors de mon premier voyage au Congo au début des années 2000, que j’ai été bouleversé, comme la rencontre avec une partie de mon identité qui vibrait en moi depuis toujours. Bouleversé aussi à la vue de tant de richesses, à tous les niveaux, et tant de difficultés à la fois.
C’est à l’occasion de mon Erasmus en Corée du Sud que j’ai pris conscience de l’influence des nouvelles technologies sur la société et que je me suis mis à rêver d’un « réveil digital africain » basé sur la connaissance.
C’est en Ouganda en 2011 alors en poste chez Orange que j’ai rencontré des centaines de jeunes plus brillants les uns que les autres, dont beaucoup étaient d’authentiques autodidactes, j’ai développé l’idée selon laquelle je me devais d’œuvrer de façon concrète et constructive pour cette jeunesse africaine en recherche d’opportunités de développement.
Transcendé par cette ambition, j’ai été invité au Congo à la fin de l’année 2016 pour intervenir devant plus de 200 personnes comme speaker sur un thème de développement personnel lors d’un évènement Tech de référence.
Grâce à des retours très positifs, et notamment celui d’une femme, Présidente d’une association de lutte contre les violences faites aux femmes et pour l’émancipation, profondément touchée par mon intervention, j’ai eu a à cœur de m’engager encore plus concrètement pour des projets avec un fort impact social.
Je suis aujourd’hui Responsable Institutions et Mentor en développement personnel au sein de la communauté 10.000 Codeurs qui vise la formation d’1 million de jeunes par pays en Afrique d’ici 2030, dont au moins 50% de femmes, rien que ça !
L’ambition est très élevée, mais avec les investissements des États, d’entrepreneur.e.s locaux, des institutions internationales et des entreprises, cet objectif est réalisable. En 2050, plus de 75% de la population aura moins de 25 ans, et en 2100 5 des 10 pays les plus peuplés au monde seront africains.
Nous pensons que nous sommes à un tournant de l’Histoire et que les enfants issus des diasporas africaines peuvent participer dès aujourd’hui à l’écriture d’un nouveau narratif pour les générations présentes et futures.
Le digital n’est pas la réponse à tous les maux, mais il représente une solution concrète permettant la diffusion de la connaissance à grande échelle, rapidement, et permettant la création avec la multiplication des vocations entrepreneuriales.
Soft skills sinon rien : comment faire pour s’améliorer ?
Le développement personnel c’est l’histoire de ma vie ! J’ai démarré ma construction scolaire dans les quartiers dits sensibles de Meaux en Ile-de-France. Les difficultés économiques et sociales étaient la norme, mais des jeunes talentueux il y en avait beaucoup.
J’ai vite compris que mon salut professionnel passerait par une forte assiduité scolaire mais surtout par l’acquisition de compétences « extraordinaires ». C’est ainsi que j’ai dévoré les livres de développement personnel et de sociologie comme ceux écrits par Dale Carnegie par exemple, ou encore Pierre Bourdieu.
J’ai observé mon environnement, analysé les comportements humains tel un sociologue silencieux. Grâce à mes parents, j’ai beaucoup voyagé très jeune, Ukraine, en Russie, à Cuba, un peu partout en France… et comme on dit, le voyage forme la jeunesse !
J’ai également développé un esprit de compétition et un fort leadership à travers la pratique de sports collectifs, puis le dépassement de soi extrême avec la boxe et les randonnées en milieux difficiles.
Selon moi, les soft-skills indispensables sont la capacité d’adaptation, la curiosité intellectuelle et l’intelligence émotionnelle. Le monde est riche de cultures et de façons de vivre différentes, s’adapter c’est l’art de se fondre dans son environnement immédiat avec aisance et évaluer les opportunités plutôt que les éléments bloquants. Aussi, le monde évolue en permanence et aucune formation n’est gage de Pass de réussite ad vitam aeternam.
Certaines connaissances techniques sont de plus en plus rapidement obsolètes, c’est pour cela qu’il faut lire, entretenir un regard critique et constructif, et ne pas hésiter à investir dans des formations.
La plupart des métiers de demain n’existent pas encore aujourd’hui ! Qui aurait misé sur les activités d’influence sur les réseaux sociaux il y a encore 20 ans ? Qui aurait cru à la cryptomonnaie ? Enfin, je dirais que l’intelligence émotionnelle est probablement l’un des soft skills les plus puissants par rapport à l’impact qu’il peut avoir dans nos interactions quotidiennes.
L’intelligence émotionnelle pour moi c’est entre autres la capacité de comprendre les dynamiques comportementales, sans construction mentale préétablie – les fameuses étiquettes que l’on adore coller – et c’est finalement un savant mélange entre empathie, connaissance de soi et humilité.
Je rencontre parfois des managers et des cadres supérieurs trop sûrs de leur potentiel intellectuel. Pourtant, certaines situations vécues ont montré que ceux-là ont eu une incapacité totale à changer de paradigme quant à l’évaluation des émotions d’une personne ou d’une dynamique sociale dans un environnement donné, et se sont fiés à un seul schéma de pensée qu’ils pensaient être d’une logique implacable. Je recommande donc la prudence dans le jugement des autres et des situations.
Mon conseil ? Cherchez à devenir la meilleure version de vous-même en allant à la rencontre de vos talents pour mieux les révéler afin de vous sentir pleinement épanouis…et accessoirement œuvrer pour un monde plus juste !