Philippe Spach, enseignant-chercheur en Ressources Humaines à l’EMLV, s’intéresse aux nouveaux talents du digital dont les entreprises ont besoin pour évoluer et à l’évolution de la pédagogie nécessaire pour accompagner les talents de demain.
Les métiers de demain existent déjà. Comment les recruteurs peuvent-il dénicher les Talents de demain ? Comment les formateurs peuvent-ils adapter leurs pédagogies aux compétences futures requises ? Et cela pour des métiers qui n’existeraient pas encore ?
Les métiers du numérique qui-n’existent-pas-encore
Il est une constante des sciences physiques utile à répéter : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Si cela est vrai en physique, cela l’est également à propos des métiers qui n’existeraient pas encore.
Ces métiers de demain existent presque tous déjà, mais leurs contextes, périmètres et outils se sont modifiés au cours de l’histoire en s’adaptant aux moeurs, aux technologies et aux philosophies. Nous confondons trop souvent le «métier» avec celle la « mission », le « job » à effectuer.
Les études sont nombreuses à prédire l’apparition des métiers de l’avenir : WagePoint – Manpower 2013, College Atlas 2014 ou Sparks & Honey 2016 ; Si l’on se réfère à la dernière étude S&H les premiers cités sont :
Gestionnaire de monnaie alternative
Fermier urbain
Imprimeur 3D
Thérapeute désintox digitale
Crow-founder
Pilote de drone
Analyste marketing digital
Infirmier
Pilote, fermier ou gestionnaire ; aucun n’est vraiment nouveau. Mais 85 % de ces métiers sont directement liés au numérique. Une révolution !
Viva la revolucion digitale ! Les pédagogues doivent être des Révolutionnaires
Les métiers se transforment, se modèlent avec ce nouvel environnement. La technologie, les modes de pensée, les comportements, les nécessités doivent être intégrées à la préparation des générations futures quant à la bonne utilisation de cette digitalisation devenue indispensable. Il s’agit, afin de préparer à ces «métiers» d’avoir une pédagogie qui donne le sens de ces transformations.
La pédagogie du supérieur, notamment, doit penser que les apprenants utiliseront ces modalités. Il faut aider les élèves à les maîtriser dans leur futur monde professionnel.
Les cursus doivent intégrer ces outils, dans l’enseignement comme dans le dialogue entre partie-prenantes (étudiantsprofesseurs- entreprises-administratifs). C’est déjà le cas à l’EMLV, par exemple où les google drive-docsshare- skype-doodle-moocs-facebook-linkedin sont dans le quotidien.
Mais la seule présence du digital serait vide de sens si elle ne s’accompagnait pas d’apprentissage à la diversité des équipes, à la créativité transverse, au droit à l’erreur, générateur d’innovation. Toutes les formes d’organisations favorisant le travail créatif avec des personnes d’horizons ou d’origines différents entrent dans la préparation à l’avenir. C’est aussi l’idée du partage présent dans le numérique.
A l’IIM, l’ESILV et l’EMLV les étudiants apprennent à travailler ensemble, communiquent en digital comme en « live », dès leur première année. Les missions de demain nécessitent ces apports, sans perdre le sens du « métier ».
Le pédagogue qui, aujourd’hui s’y refuse, ne prépare en rien l’individu à comprendre et interagir avec le monde de demain. La révolution a débuté et refuser cet état de fait viendrait à sacrifier une génération sur l’autel de l’illusion d’un passé, très passé. Ce pédagogue devient un naufragé sur une île déserte.
Le rôle du pédagogue est d’utiliser ces outils, d’en favoriser l’apprentissage dans le contexte des métiers préparés. Il convient néanmoins, à l’exception des programmeurs et créateurs d’applications, d’intégrer le numérique comme un outil, non comme une fin en soi, dans l’apprentissage. Au niveau des Savoirs, bien entendu, mais aussi à chaque niveau du spectre des compétences du futur professionnel. Son savoirfaire, savoir-être, savoir-agir et faire-savoir devront baigner dans une marinade digitale sans que cela masque le goût de son « métier ».
Améliorer les talents : voie du complément !
Les entreprises ont compris ces transformations et s’adaptent. Clients, salariés, actionnaires ne peuvent qu’être en accord avec cela. C’est l’une des rares convergences sociales qui existent aujourd’hui.
Dans l’économie du partage ou celle dite traditionnelle, le digital est présent ! Dans un hôpital ou une ferme, le digital sera là ! A bord d’un avion ou d’une automobile, encore lui !
Cette transformation digitale s’accompagne d’une autre nécessité ; dénicher les talents qui auront pu être développés.
Le sport est un exemple. Les écoles où la pratique en est valorisée, accentuent l’éclosion de ces talents.
Article paru dans le Monde des Grandes Ecoles de janvier 2017
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